VERS L'UNIVERS DE PAULO COELHO

✩ ✩ ✩

 

 Paulo Coelho est un Poète qui écrit des romans pour faire passer le sacré.


"Guidé de plus haut" il  transmet ses messages dans la simplicité des phrases, sans jamais intellectualiser.


Il nous rappelle aussi que nous avons le droit de croire en nos rêves, et croire…

c'est un peu s'en approcher...


Ne sommes-nous pas ici pour être heureux ? 

 

                                                                                                                                                                Gabrielle Ségui



 

 Nous ne comprenons vraiment le miracle de la Vie que lorsque nous laissons arriver l'inattendu.


 Chaque jour, Dieu nous donne, avec le soleil, un moment où il est possible de changer tout ce qui nous rend malheureux.


Chaque jour, nous feignons de ne pas nous rendre compte que ce moment existe, nous faisons semblant de croire qu'aujourd'hui est semblable à demain.


Mais l'être qui fait attention au jour qu'il est en train de vivre découvre l'instant magique. Celui-ci peut être caché dans la minute où, le matin, nous mettons la clé dans la serrure, dans l'intervalle de silence qui suit le repas, dans les mille et une chose qui nous paraissent toutes semblables.


 Mais cet instant existe, un instant ou toute la force des étoiles passe par nous et nous permet d'accomplir des miracles.

 

                                                                                                                                                                                                                                       La rivière Piedra

 

  

✩ ✩ ✩

 

 "LES PHRASES ÉTOILÉES"


 


L'ALCHIMISTE



"Tout est une seule et unique chose"


 Et voici qu’aujourd’hui je comprends une chose: c’est que toute bénédiction qui n’est pas acceptée se transforme en malédiction.


 Et pourtant, les brebis avaient enseigné une chose autrement importante: qu’il y avait dans le monde un langage qui était compris de tous, et que lui-même avait employé pendant tout ce temps pour faire progresser la boutique. C’était le langage de l’enthousiasme, des choses que l’on fait avec amour, avec passion, en vue d’un résultat que l’on souhaite obtenir ou en quoi l’on croit.


Dans la vie, tout est signe (...) L’univers est fait en une langue que tout le monde peut entendre , mais que l’on a oublié.


«Il donne aux signes le nom de "chance", (...) Si je le pouvais, j’écrirais une énorme encyclopédie sur les mots "chance" et "coïncidence".C’est avec ces mots-là que s’écrit le Langage Universel.»


«Tout ce que nous craignons, c’est de perdre ce que nous possédons, qu’il s’agisse de notre vie ou de nos cultures. Mais cette crainte cesse lorsque nous comprenons que notre histoire et l’histoire du monde ont été écrites par la même Main.»


«C’est là le principe qui meut toute chose, dit-il. Ce qu’on appelle en alchimie l’Âme du Monde. Quand on désire quelque chose de tout son coeur, on est plus proche de l’Âme du Monde. C’est toujours une force positive.» Il dit aussi que ce n’était pas seulement un privilège des hommes: tout ce qui existait sur la face de la terre avait également une âme, que ce fût un minéral, un végétal, un animal, ou simplement une pensée. « tout ce qui est sous et sur la face de la terre ne cesse de se transformer, car la terre est un être vivant; et elle a une âme. Nous sommes une part de cette Âme,et nous savons rarement qu’elle travaille toujours en notre faveur.»


 Car les gens cèdent à la fascination des tableaux et des mots et, pour finir, ils oublient le Langage du Monde.


 Et ce fut comme si le temps s’arrêtait, comme si l’Âme du Monde surgissait de toute sa force devant le jeune homme. Quand il vit ses yeux noirs, ses lèvres qui hésitaient entre le sourire et le silence, il comprit que la partie la plus essentielle et la plus savante du langage que parlait le monde, et que tous les êtres de la terre étaient capables d’entendre en leur coeur. Et cela s’appelait l’Amour, quelque chose plus vieux que les hommes et que le désert même, et qui resurgissait toujours avec la même force, partout ou deux regards venaient de se croiser.(...) Voila, c’était le pur Langage du Monde, sans aucune explication, parce que l’Univers n’avait besoin d’aucune explication pour continuer sa route dans l’espace infini. (...)


 Il est facile de comprendre qu’il y a toujours dans le monde une personne qui en attend une autre, que ce soit en plein désert ou au coeur des grandes villes. Et quand ces deux personnes se rencontrent, et que leurs regards se croisent, tout le passé et tout le futur sont désormais sans la moindre importance, seul existe ce moment présent, et cette incroyable certitude que toute chose sous la voûte du ciel a été écrite par la même main. La Main qui fait naître l’Amour, et qui a créé une âme soeur pour chaque être qui travaille, se repose, et cherche des trésors sous la lumière du soleil. Parce que, s’il n’en était pas ainsi, les rêves de l’espèce humaine n’auraient aucun sens.


 Ne pense pas à ce qui est resté en arrière (...) Tout est gravé dans l’Âme du monde et y restera toujours.(...) Si ce que tu as trouvé est fait de matière pure, cela ne pourrira jamais. Et tu pourras y revenir un jour. Si ce n’est qu’un instant de lumière comme l’explosion d’une étoile, alors tu ne retrouveras rien à ton retour. Mais tu auras vu une explosion de lumière. Et cela seul aura déjà valu la peine d’être vécu.»


Il n’y a qu’une façon d’apprendre, répondit l’Alchimiste. C’est par l’action.Tout ce que tu avais besoin de savoir, c’est le voyage qui te l’a enseigné.


«Les sages ont compris que ce monde naturel n’est qu’une image et une copie du Paradis. Le seul fait que ce monde existe est la garantie qu’existe un monde plus parfait que lui. Dieu l’a créé pour que, par l’intermédiaire des choses visibles, les hommes puissent comprendre Ses enseignements spirituels et les merveilles de Sa Sagesse. C’est cela que j’appelle l’action.»


 Écoute ton coeur.Il connaît toute chose, parce qu’il vient de l’Âme du Monde, et qu’un jour il y retournera.»


«pourquoi devons-nous écouter notre coeur ? (...) - Parce que, là où sera ton coeur sera ton trésor.


 La trahison, c’est le coup auquel tu ne t’attendais pas.Si tu connais bien ton coeur, il n’arrivera jamais à te surprendre ainsi. Car tu connaîtras ses rêves et ses désirs, et tu sauras en tenir compte. Personne ne peut fuir son coeur. C’est pourquoi il vaut mieux écouter ce qu’il dit.Pour qu’il ne vienne jamais te frapper un coup auquel tu ne t’attendais pas.»


«Mon coeur craint de souffrir, dit le jeune homme à l’Alchimiste, une nuit qu’ils regardaient le ciel sans lune. - Dis-lui que la crainte de la souffrance est pire que la souffrance elle-même. Et qu’aucun coeur n’a jamais souffert alors qu’il était à la poursuite de ses rêves, parce que chaque instant de quête est un instant de rencontre avec Dieu et avec l’Éternité.»


«Chaque homme sur terre a un un trésor qui l’attend, lui dit son coeur. Nous, les coeurs, en parlons rarement, car les hommes ne veulent plus trouver ces trésors. Nous n’en parlons qu’aux petits enfants. Ensuite, nous laissons la vie se charger de conduire chacun de nous vers son destin. Malheureusement, peu d’hommes suivent le chemin qui leur est tracé, et qui est le chemin de la Légende Personnelle et de la félicité. La plupart voient le monde comme quelque chose de menaçant et pour cette raison même, le monde devient en effet une chose menaçante. Alors, nous les coeurs, commençons à parler de plus en plus bas, mais nous ne nous taisons jamais.


 Avant de réaliser un rêve, l’Âme du Monde veut toujours évaluer tout ce qui a été appris durant le parcours.


«Une quête commence toujours par la Chance du Débutant. Et s’achève toujours par l’épreuve du Conquérant.»


 Ne t’abandonne pas au désespoir , dit l’Alchimiste, d’une voix étrangement douce. Cela t’empêche de pouvoir converser avec ton coeur. (...) - Celui qui vit sa Légende Personnelle sait ce qu’il a besoin de savoir. Il n’y a qu’une chose qui puisse rendre un rêve impossible: c’est la peur d’échouer.


 C’est quand on aime que l’on arrive à être quelque chose de la Création. Quand on aime,on n’a pas aucun besoin de comprendre ce qui se passe, car tout se passe alors à l’intérieur de nous.


 Un élan d’Amour jaillit de son coeur, et il se mit à prier. C’était une prière qu’il n’avait encore jamais faite, car c’était une prière sans parole, et par laquelle il ne demandait rien.


 Et le jeune homme se plongea dans l’Âme du Monde, et vit que l’Âme du Monde faisait partie de l’Âme de Dieu, et vit que l’Âme de Dieu était sa propre Âme. Et qu’il pouvait, dès lors, réaliser des miracles.




  "J'ai ouvert la fenêtre... Et mon coeur... Le soleil a inondé la chambre, et l'Amour a inondé mon âme" 

 

 

✩ ✩ ✩


 SUR LE BORD DE LA RIVIÈRE PIEDRA




 Nous remarquons rarement que nous vivons au milieu de l’extraordinaire. Les miracles se produisent tout autour de nous, les signes de Dieu nous montrent le chemin, les anges essaient de se faire entendre _ mais, comme nous avons appris qu’il existe des formules et des règles pour arriver jusqu’à Dieu, nous n’y accordons aucune attention. Nous ne comprenons pas qu’Il est là ou on le laisse entrer.


(...) Mais nous ne devons jamais oublier que l’expérience spirituelle est avant tout une expérience pratique d’amour. Et, dans l’amour, il n’existe pas de règles. Nous pouvons bien essayer de suivre des manuels, de contrôler notre coeur, d’avoir une stratégie de comportement, tout cela ne sert à rien. C’est le coeur qui décide, et c’est lui qui fait loi.


 Plus nous aimons, plus nous sommes proches de l’expérience spirituelle. Les vrais illuminés, ceux dont l’âme était embrasée par l’Amour, triomphaient de tous les préjugés de l’époque. Ils chantaient, riaient, priaient à haute voix, dansaient et partageaient ce que Saint Paul a nommait « la Sainte folie ». Ils étaient joyeux, parce que celui qui aime a vaincu le monde, sans crainte de perdre quoi que ce soit. Le véritable Amour est un acte de don total.


 Peut-être l’Amour nous fait-il vieillir avant l’heure et redevenir jeunes quand la jeunesse s’en est allée.


"Toutes les histoires d’Amour sont semblables"


 Le bonheur est parfois une bénédiction - mais, le plus souvent , c’est une conquête. L’instant magique de la journée nous aide à changer, nous pousse à partir en quête de nos rêves. Nous allons souffrir, nous allons traverser de mauvaises passes, mais ce sont les périodes transitoires, qui ne laissent pas de traces. Et plus tard, nous pourrons regarder en arrière avec fierté et avec foi.


« Pendant que les hommes allaient chasser, nous restions dans les cavernes, dans le ventre de la Mère, à nous occuper de nos enfants. Et c’est alors que la Grande Mère nous a tout appris. « l’homme était toujours en mouvement alors que nous demeurions dans le ventre de la Mère. C’est ce qui nous a permis de comprendre que les graines se transforment en plantes, et nous l’avons dit à nos hommes. Nous avons fait le premier pain et nous les avons nourris. Nous avons façonné le premier vase pour qu’ils puissent boire. Et nous avons compris le cycle de la création, parce que notre corps reproduisait le rythme de la lune. »


 Nous devons écouter l’enfant que nous avons été un jour, et qui continue d’exister en nous.


 Il pleut sur Bilbao, il pleut sur le monde. Celui qui aime a besoin de savoir se perdre et se retrouver.


 Je sais que l’Amour est comme les barrages: Si vous laissez une fissure par où puisse s’infiltrer un filet d’eau, peu à peu celui-ci ronge les murs et il arrive un moment où personne ne peut plus contrôler la force du courant. Si les murs s’effondrent, l’Amour s’empare en maître de tout; il n’y a plus à se demander ce qui est possible et ce qui ne l’est pas, si l’on peut garder à son côté l’être aimé... Aimer, c’est perdre le contrôle.


« Ce qui existe, ce sont les échecs. Personne n’y échappe. Aussi vaut-il mieux perdre quelques combats en luttant pour ses rêves que d’être battu sans savoir pourquoi on lutte.»


«L’Univers nous aide toujours à nous battre pour nos rêves, si bêtes qu’ils puissent paraître. Parce que ce sont nos rêves, et nous sommes seuls à savoir combien ils nous ont coûté de les rêver.»


«Et l’Amour est un chemin compliqué. Parce que, sur ce chemin, ou les choses nous conduisent au ciel, ou bien elles nous attirent en enfer»


 Il est inutile de parler d’ Amour, car l’Amour possède sa propre voix, et parle de lui-même.


 l’Amour est toujours nouveau. Peu importe que l’on aime une fois, deux fois, dix fois, dans sa vie - on se trouve toujours devant une situation inconnue. L’Amour peut nous mener en enfer ou au Paradis , mais il nous mène toujours quelque part.Il faut l’accepter, parce qu’il est ce qui nourrit notre existence. (...) Il faut aller chercher l’Amour où qu’il soit, quand bien-même cela peut signifier des heures, des jours, des semaines de déception et de tristesse. Parce que, dès le moment où nous partirons en quête de l’Amour, lui aussi partira à notre rencontre . Et nous sauvera.


 Je savais qu’à partir de ce moment j’allais connaître le ciel et l’enfer, la joie et la douleur, le rêve et la désespérance, et que je ne pouvais plus contenir les vents qui soufflaient des recoins cachés de l’âme. Je savais qu’à partir de ce matin-là l’Amour serait désormais mon guide.


 J’ai ouvert la fenêtre. Et mon coeur. Le soleil a inondé la chambre, et l’Amour a inondé mon âme.


«Les Bouddhistes avaient raison, les Hindous avaient raison, les Indiens d’Amérique avaient raison, les Musulmans avaient raison, les Juifs avaient raison. Chaque fois que l’homme suivrait - d’un coeur sincère - le chemin de la foi, il serait capable de s’unir à Dieu et d’opérer des miracles. »


 Des années durant, j’avais lutté contre mon coeur parce que j’avais peur de la tristesse, de la souffrance, de l’abandon. J’avais toujours su que le véritable Amour était au- dessus de tout cela et qu’il valait mieux mourir que de ne pas aimer.


 Attendre. C’est la première leçon que j’ai apprise sur l’Amour.


 C’était un baiser que j’avais attendu longtemps, et qui était né au bord des rivières de notre enfance, alors que nous ne comprenions pas encore ce que signifie l’Amour.(...) Un baiser qui s’était tant de fois perdu et qui maintenant venait d’être retrouvé. Dans cette minute de baiser, il y avait des années de quête, de désillusions, de rêves impossibles.


Tout le mois et les jours qui avaient précédé cette semaine semblaient faire partie d’une autre vie. Une époque à laquelle je ne voulais plus jamais revenir parce que ses heures n’avaient pas été touchées par la main de l’Amour.


 Bienheureux ceux qui peuvent faire les premiers pas. Un jour, les gens sauraient que l’homme est capable de parler la langue des anges, que nous détenons, tous autant que nous sommes, les dons de l’Esprit Saint et que nous pouvons accomplir des miracles, guérir, prophétiser, comprendre.


 À mesure que je progressais dans ce tunnel, je songeais à tout ce temps que j’avais perdu à la même place à essayer de planter des racines dans un sol ou plus rien ne poussait. Mais Dieu était bon et m’avait rendu l’enthousiasme oublié, les aventures que j’avais rêvées , l’homme que - sans le vouloir - j’avais attendu tout au long de ma vie.


 Il est facile de souffrir pour l’Amour d’une cause, ou d’une mission: cela ne fait que grandir le coeur de celui qui souffre. Mais comment expliquer ce que signifie de souffrir à cause d’un homme ? C’est impossible. C’est alors que l’on vit un enfer, parce qu’il n’y a là ni noblesse ni grandeur - misère seulement.


«Je resterai assis à côté de toi tant que tu seras devant cette rivière. Et si tu vas dormir, je dormirai devant ta porte. Et si tu t’en vas loin, je suivrai tes pas. Jusqu’à ce que tu me dises : va-t’en ! Alors je m’en irai. Mais je ne pourrai cesser de t’aimer jusqu’à la fin de mes jours.»



 

"La voie lactée montre le chemin jusqu'à Compostelle" 

 

✩ ✩ ✩


 LE PÉLERIN DE COMPOSTELLE




«JÉSUS , loua le Père quand ses disciples commencèrent à réaliser miracles et guérisons, et il Le remercia parce qu’Il avait caché ces choses aux savants et les avaient révélées aux hommes simples. Finalement, si l’on croit en Dieu, on doit aussi croire que Dieu est juste.»


Lorsque tu voyages, tu fais une expérience très pratique de l’acte de renaissance. (...) C’est pourquoi le pèlerinage religieux a toujours été l’une des manières les plus objectives de parvenir à l’illumination. Pour se corriger de ses péchés, il faut marcher toujours plus en avant, en s’adaptant aux situations nouvelles et en recevant en échange les milliers de bénédictions que la vie accorde généreusement à ceux qui les lui demandent.


 «Le Bon Combat est celui qui est engagé au nom de nos rêves. Quand ils explosent en nous de toute leur vigueur - dans la jeunesse -, nous sommes très courageux mais nous n’avons pas encore appris à lutter. Lorsque, après beaucoup d’efforts, nous finissons par l’apprendre, nous n’avons plus le même courage pour combattre. Alors nous nous retournons contre nous-mêmes et, au bout du compte, nous devenons notre pire ennemi. Nous disons que nos rêves sont infantiles, difficiles à réaliser, ou le fruit de notre méconnaissance de la vie. Nous tuons nos rêves parce que nous avons peur de mener le Bon Combat.»


«Lorsque nous renonçons à nos rêves et trouvons la paix, a-t-il repris après un moment, nous connaissons une coute période de tranquillité. Mais les rêves morts commencent à pourrir en nous et à infester toute notre atmosphère. Nous devenons cruels envers ceux qui nous entourent, et finalement nous retournons cette cruauté contre nous-mêmes. Surgissent les souffrances et les psychoses. Ce que nous voulons éviter dans le combat - la déception et l’échec - devient le seul legs de notre lâcheté. Et un beau jour, les rêves morts et pourris rendent l’air irrespirable et nous désirons la mort, la mort qui nous délivre de nos certitudes, de nos occupations, et de cette terrible paix des dimanches après-midi.»


 De toutes les manières que l’homme a trouvées de se faire du mal à lui-même, l’Amour est la pire. Nous souffrons toujours pour quelqu’un qui ne nous aime pas, pour quelqu’un qui nous a quitté, pour quelqu’un qui ne veut pas nous quitter. Si nous sommes célibataires, c’est que personne ne nous aime; si nous sommes mariés, nous transformons le mariage en esclavage.


«La Voie lactée montre le chemin jusqu’à Compostelle. Aucune religion n’est capable de rassembler toutes les étoiles, parce que si c’était le cas, l’Univers deviendrait un gigantesque espace vide et perdrait sa raison d’exister . Chaque étoile- et chaque homme - possède son espace et ses caractéristiques propres.» (...)


 Agapè est l’Amour total, l’Amour qui dévore celui qui l’éprouve. Celui qui connaît ou qui ressent Agapè voit que rien d’autre qu’aimer n’a d’importance dans ce monde. C’est cet Amour que Jésus a ressenti pour l’Humanité, et il fut si grand qu’il a ébranlé les étoiles et changé le cours de l’histoire humaine. Sa vie solitaire a réussi à faire ce que les rois, les armées et les empires avaient échoué à obtenir.


Mais Agapè est beaucoup plus que de l’Amour. C’est un sentiment qui envahit tout, qui entre par toutes les fenêtres et transforme en poussière toute tentative d’agression.


 Quand nous aimons et croyons au fond de notre âme en quelque chose, nous nous sentons plus forts que le monde, et nous sommes pris d’une sérénité qui provient de la certitude que rien ne pourra vaincre notre foi. Cette force étrange nous fait toujours prendre les bonnes décisions au moment voulu et, lorsque nous atteignons notre objectif, nous sommes surpris de nos propres capacités. Car, au cours du Bon Combat, rien n’a plus d’importance, nous sommes portés par l’enthousiasme jusqu’à notre but.


 Une menace ne peut rien provoquer si elle n’est pas acceptée. En menant le Bon Combat, n’oublie jamais cela. De même, tu ne dois pas oublier que l’attaque ou la fuite font partie de la lutte. Ce qui n’en fait pas partie, c’est de rester paralysé par la peur.


«La mort est notre grande compagne, parce que c’est elle qui donne sens à nos vies. Mais pour contempler le véritable visage de notre mort, nous devons d’abord connaître tous les désirs et toutes les terreurs que la simple évocation de son nom est capable de réveiller dans n’importe quel être vivant.»


 «De même, un disciple ne peut jamais imiter les pas de son guide. À chacun sa manière de voir la vie, de vivre les difficultés et les conquêtes. Enseigner, c’est montrer ce qui est possible. Apprendre, c’est rendre possible à soi-même.»


Nous avons tous à l’intérieur, brûlante, la flamme sainte de la folie, qui est nourrie d’Agapè. « Il n’est pas besoin pour cela de vouloir conquérir l’Amérique ou de converser avec les oiseaux comme Saint François d’Assise. Le marchand de légumes du coin peut manifester cette flamme sainte de la folie, s’il aime ce qu’il fait. Agapè existe au-delà des concepts humains, et il est contagieux car le monde en a soif.»


«Un ennemi représente toujours notre côté faible , a-t-il repris. (...) Notre ennemi n’entreprend la lutte que parce qu’il sait qu’il peut nous atteindre. Exactement au point où notre orgueil nous a fait croire que nous étions invincibles. Dans la lutte, nous cherchons toujours à défendre notre côté faible, tandis que l’ennemi frappe le côté mal protégé - celui dans lequel nous avons plus confiance. Et nous sommes finalement vaincus parce qu’arrive ce qui ne devrait jamais arriver : l’abandon à l’ennemi du choix de la façon de combattre.»


« Tout est écrit dans les sons. Le passé, le présent et le futur de l’homme. Un homme qui ne sait pas entendre ne peut écouter les conseils que la vie nous prodigue à chaque instant. Seul celui qui écoute le bruit du présent peut prendre la décision juste.»


«La mauvaise solution t’indiquera la bonne»


 Je suis resté longtemps ainsi à contempler le ciel presque noir, la croix et l’agneau blanc au pied de celle-ci. J’ai senti alors la fatigue de cette longue période d’épreuves, de luttes, de leçons et de marches. Une douleur terrible dans l’estomac est remontée dans ma gorge et s’est muée en sanglots secs sans larmes, devant cet agneau et cette croix immense et solitaire, montrant le destin que l’homme a donné, non pas à son Dieu, mais à lui-même. Toutes les leçons du chemin de Saint-Jacques me revenaient à l’esprit, tandis que je sanglotais devant cet agneau solitaire.


 Mais l’agneau m’a regardé et son regard m’a touché. Il me disait d’oublier à jamais mon indignité, parce que le pouvoir venait de renaître en moi, de même qu’il pouvait renaître en tous les hommes qui feraient le Bon Combat. Un jour viendra, disaient les yeux de l’agneau, où l’homme sera de nouveau fier de lui-même, alors toute la nature célèbrera le réveil du dieu qui dormait en lui.


Cependant, avec un peu d’effort, peut-être parviendrais-je un jour à comprendre que les gens arrivent toujours à l’heure exacte là où ils sont attendus.



 LA CINQUIÈME MONTAGNE



 Dieu peut tout. S’Il se limitait à faire ce que nous appelons le Bien, nous ne pourrions le nommer Tout-Puissant; Il dominerait seulement une partie de l’Univers, et il y aurait quelqu’un de plus puissant que Lui qui surveillerait et jugerait Ses actions. En ce cas, j’adorerais ce quelqu’un plus puissant.


 Comme les ruisseaux et les plantes, les âmes avaient besoin de la pluie, mais d’une autre sorte: l’espoir, la foi, la raison de vivre. Sinon, même si le corps continuait à vivre, l’âme dépérissait; et les gens pouvaient dire que «là, dans ce corps, il y avait eu un homme.»


«Elle m’a expliqué que, si je parlais aux objets que je fabriquais, je serais surpris de constater que les tables et les chaises me répondraient, parce que j’y mettais le meilleur de mon âme, et recevrais en échange la sagesse. (...) C’est dans la charpenterie que tu as découvert que le sacré est partout.


 Mais personne ne peut perdre de vue ce qu’il désire. Même si, à certains moments, on croit que le monde et les autres sont plus forts. Le secret est le suivant: ne pas renoncer.»


 À certains moments, nos vies connaissent des tribulations et nous ne pouvons les éviter. Mais elles ont un motif. - Lequel ? - À cette question nous ne pouvons répondre avant ou pendant, les difficultés. C’est seulement une fois que nous les avons surmontées que nous comprenons pourquoi elles sont survenues.


 Tout homme a le droit de douter de sa tâche et d’y faillir de temps en temps. La seule chose qu’il ne puisse faire, c’est l’oublier. Celui qui ne doute pas de soi est indigne - car il a une confiance aveugle dans sa valeur et pêche par son orgueil. Béni soit celui qui traverse des moments d’indécision.


 Elle avait conscience que c’était un rêve impossible, car cet homme pouvait s’en aller à tout moment (...) Pourtant, elle continuerait de l’aimer car, pour la première fois de sa vie, elle avait conscience de ce qu’était la liberté. Elle pouvait l’aimer - quand bien-même il ne le saurait jamais. (...) c’était cela la liberté : sentir ce que son coeur désirait, indépendamment de l’opinion des autres. (...) Elle était libre, car l’Amour libère.


 Quand tu auras appris à reconstruire, répondit l’ange. Rapelles - toi ce que Dieu a enseigné à Moïse avant un combat. Profite de chaque moment, si tu ne veux pas plus tard avoir des regrets, et te dire que tu as perdu ta jeunesse. À chaque âge, le Seigneur donne à l’homme ses inquiétudes particulières.


 Elle retira de la manche de son vêtement une tablette d’argile portant une inscription. « Qu'est-ce que cela signifie ? demanda Elie. - c’est le mot AMOUR. » Élie prit la tablette, mais il n’eut pas le courage de demander pourquoi elle lui avait tendue. Sur ce morceau d’argile, quelques traits griffonnés résumaient pourquoi les étoiles restaient suspendues dans les cieux et pourquoi les hommes marchaient sur la terre.


 - Le courage est la peur qui fait ses prières -


«Un enfant peut toujours enseigner trois choses à un adulte: être content sans raison, s’occuper toujours à quelque chose, et savoir exiger - de toutes ses forces - ce qu’il désire.»


 Un guerrier accepte la défaite. Il ne la traite pas comme un évènement indifférent, ni ne tente de la transformer en victoire. La douleur de la perte le rend amer, il souffre de la froideur et la solitude le désespère. Une fois qu’il est passé par tout cela, il lèche ses blessures et prend un nouveau départ. Un guerrier sait que la guerre est faite de nombreuses batailles; il va de l’avant.


 Alors il aperçut une silhouette et il sut que c’était la femme qu’il avait tant aimée et qui maintenant marchait de nouveau orgueilleusement dans la cité. Il sourit et sentit qu’elle touchait son visage. (...) Il avait la certitude qu’elle souriait. « Le vent du désert, il y a très longtemps, a effacé nos pas sur le sable. Mais, à chaque seconde de mon existence, je pense à ce qui s’est passé, et tu marches encore dans mes rêves et dans ma réalité. Merci d’avoir croisé mon chemin. » Il s’endormit là dans le temple, sentant que la femme lui caressait les cheveux.


 Faut-il toujours partir ? - Il faut toujours savoir quand finit une étape de la vie. Si tu persistes à y demeurer au-delà du temps nécessaire, tu perds la joie et le sens du repos. Et tu risques d’être rappelé à l’ordre par Dieu.


 - Le Seigneur est dur.


 - Seulement avec Ses élus.»


  "Véronika avait décidé de mourir en ce bel après-midi, 

tandis que des musiciens boliviens jouaient sur la place de Ljubljana" 

 

✩ ✩ ✩


 VÉRONIKA DÉCIDE DE MOURIR



 Maintenant, elle était heureuse d’aller jusqu’au bout de sa décision mais elle s’ennuyait parce qu’elle ne savait pas quoi faire du peu de temps qui lui restait.


 Mais, au fond de son coeur, le doute subsistait: et si Dieu existait ? Des millénaires de civilisations avaient fait du suicide un tabou, un outrage à tous les codes religieux: l’homme lutte pour survivre , pas pour renoncer.


 Si Dieu existe, il doit se montrer indulgent avec les créatures qui ont désiré partir plus tôt, et Il peut même nous présenter des excuses pour nous avoir obligés à passer par cette terre.


Comment juger, dans un monde où l’on s’efforce de survivre à tout prix, ceux qui décident de mourir ? Personne ne peut juger. Chacun connaît la dimension de sa propre souffrance et sait si sa vie est vide de sens.


 Peut-être que dans son univers , c’était l’été; et que son corps était réchauffé par le désir de quelqu’un qui l’attendait. Quand bien-même cette autre personne n’existerait que dans son délire.


 Une fois dans un asile, on s’accoutume à la liberté que procure l’univers de la folie, et on finit par prendre de mauvaises habitudes. On n’a plus de responsabilités à assumer, plus à lutter pour son pain quotidien ni à se consacrer à des activités répétitives et ennuyeuses; on peut rester des heures à contempler un tableau ou faire des dessins totalement absurdes. Tout est tolérable, parce qu’en fin de compte on est un malade mental.


 Elle demeura silencieuse, vivant l’instant présent, laissant l’Amour emplir l’espace que la haine avait abandonné. Quand elle sentit que le moment était venu, elle se tourna vers la lune et interpréta une sonate en son honneur, avec la conscience que celle-ci l’écoutait, qu’elle était fière, et que cela suscitait la jalousie des étoiles. Alors elle joua un morceau en faveur des étoiles, un autre pour le parc, et un troisième destiné aux montagnes invisibles dans la nuit, mais dont elle devinait la présence. (...) La musique pouvait aussi pénétrer dans son univers reculé, plus lointain que la lune, et accomplir des miracles.


«Si un fou me demandait à quoi sert une cravate, je devrais répondre : absolument à rien. Pas même d’ornement, parce que de nos jours elle est devenue un symbole d’aliénation, de pouvoir, ou le signe d’une attitude réservée. La seule utilité réelle de la cravate, c’est qu’on la retire, sitôt rentré chez soi, pour se donner l’impression d’être libéré de quelque chose, mais on ne sait même pas de quoi.»


 L’ennui, avec l’empoisonnement par l’Amertume, c’était que les passions - la haine , l’Amour, le désespoir, l’enthousiasme, la curiosité - cessaient également de se manifester. Au bout d’un certain temps, il ne restait plus à l’Amer le moindre désir. Il n’avait plus envie ni de vivre ni de mourir, et c’était là le problème.


 «La jeunesse est ainsi, elle établit ses propres limites sans demander si le corps supporte. Mais le corps supporte toujours.»


 Chaque être humain est unique, il a ses propres qualités, ses instincts, ses formes de plaisir, sa quête de l’aventure. Cependant la société impose une manière d’agir collective, et les gens ne cessent de se demander pourquoi ils doivent se comporter ainsi.


 C’est grave de s’obliger à ressembler à tout le monde: cela provoque des névroses, des psychoses, des paranoïas. C’est grave parce que c’est forcer la nature et aller à l’encontre des lois de Dieu, qui, dans tous les bois et toutes les forêts du monde, n’a pas créé une seule feuille identique à une autre.


«Mon âme était dans mon passé, mais aujourd’hui elle est ici, et je la sens de nouveau dans mon corps, pleine d’enthousiasme. Je ne sais pas quoi faire; je sais seulement qu’il m’a fallu trois ans pour comprendre que l’existence me poussait vers un chemin différent, et que je ne voulais pas prendre.


 Un jour, je peindrai une série intitulée “ Les visions du Paradis ”. Ce sera l’histoire visuelle des expériences que les hommes et les femmes n’ont vécues que dans leur coeur.


 Mais hier, à cause d’un piano et d’une femme qui est sans doute morte aujourd’hui, j’ai découvert quelque chose de plus important: la vie à l’intérieur est identique à la vie au dehors. Là-bas comme ici, les gens se réunissent en groupes, se protègent derrière des murailles et ne laissent pas l’inconnu perturber leurs médiocres existences.Ils font des choses parce qu’ils sont habitués à les faire, ils étudient des sujets inutiles, ils se divertissent parce qu’ils sont obligés de se divertir, et tant pis pour le reste du monde, il n’a qu’à se débrouiller tout seul. Au mieux, ils regardent le journal télévisé, comme nous l’avons fait si souvent ensemble, uniquement pour s’assurer qu’ils sont parfaitement heureux dans un monde rempli de problèmes et d’injustices.


 Et je vais te dire plus: Merci d’avoir donné un sens à ma vie. Je suis venue au monde pour traverser tout ce que j’ai traversé, tenter de me suicider, abîmer mon coeur, te rencontrer, monter à ce château et te laisser graver mon visage dans ton âme.


 


 LE DÉMON ET MADEMOISELLE PRYM



 «Un démon n’a pas besoin de beaucoup de temps pour faire des ravages-tels que tempêtes, tornades et avalanches, qui détruisent en quelques heures des arbres plantés il y a deux cents ans.»


 (...) Des démons surviennent et repartent à tout moment, sans que les choses soient nécessairement perturbées par leur présence. Ils rodent en permanence à travers le monde, parfois simplement pour savoir ce qui se passe, d’autres fois pour tâter telle ou telle âme, mais ils sont inconstants et changent de cible sans aucune logique, guidés généralement par le seul désir d’un combat qui en vaille la peine.


 Chantal ramassa son livre, respira à fond et pria silencieusement,tandis que dans son coeur se mêlaient excitation et peur. Puis elle se leva et suivit l’étranger. Elle était sûre que ce serait encore un moment de frustration dans sa vie. Cela commençait toujours par une rencontre pleine de promesses pour finir une fois de plus par l’écho d’un rêve d’amour impossible.


Tout d’abord, ne croyez pas aux promesses. Le monde en est plein: richesse, salut éternel, amour infini. Certaines personnes se croient capables de tout promettre, d’autres acceptent n’importe quoi qui leur garantisse des jours meilleurs. Ceux qui promettent et ne tiennent pas parole se sentent impuissants et frustrés; de même ceux qui s’accrochent aux promesses.


 L’histoire d’un homme est celle de tous les hommes. Je veux savoir si nous sommes bons ou méchants. Si nous sommes bons, Dieu est juste. Il me pardonnera pour tout ce que j’ai fait, pour le mal que j’ai souhaité à ceux qui ont essayé de me détruire, pour les décisions erronées que j’ai prises au moments les plus importants,(...) « Si nous sommes méchants, alors tout est permis. Je n’ai jamais pris de décision erronée, nous sommes déjà condamnés, et peu importe ce que nous faisons dans cette vie - car la rédemption se situe au delà des pensées ou des actes de l’être humain.»


 Elle venait de se rendre compte qu’il existe deux choses qui empêchent une personne de réaliser ses rêves: croire qu’ils sont irréalisables, ou bien quand la roue du destin tourne à l’improviste, les voir se changer en possible au moment où l’on s’y attend le moins. (...) Les gens veulent tout changer et, en même temps, souhaitent que tout continue uniformément.


 Jouer les âmes charitables, c’était bon uniquement pour ceux qui avaient peur d’assumer des positions dans la vie. Il est toujours plus facile de croire à sa propre bonté que d’affronter les autres et de lutter pour ses droits personnels. Il est toujours plus facile de recevoir une offense et de ne pas y répondre que d’avoir le courage d’affronter un adversaire plus fort que soi. Nous pouvons toujours dire que nous n’avons pas été atteints par la pierre qu’on nous a lancée, c’est seulement la nuit - quand nous sommes seuls et que notre femme, ou notre mari, ou notre camarade de classe est endormi - , c’est seulement la nuit que nous pouvons déplorer en silence notre lâcheté.


 Je viens de vous donner la leçon la plus importante de la vie, affirmait alors le mari de Berta. Chaque fois que vous voudrez réussir quelque chose, gardez les yeux ouverts, concentrez-vous pour savoir exactement ce que vous désirez. Personne n’atteint son objectif les yeux fermés.


 Les enfants " voyaient " certaines choses. Elle avait aussitôt décidé qu’elle aussi allait apprendre à " voir " , parce qu’elle voulait bavarder avec lui, l’avoir de retour à ses côtés - même si c’était comme un fantôme.


 Avec le temps, elle commença à remarquer une présence à sa gauche et elle eut la certitude qu’il était là pour lui tenir compagnie, la protéger du moindre danger et surtout lui apprendre à voir les choses que les autres ne percevaient pas, par exemple les dessins des nuages porteurs de messages.


 Ahab, le grand pacificateur de Bescos, avait coutume de dire: « Il existe deux types d’imbécile: ceux qui renoncent à faire une chose parce qu’ils ont reçu une menace, et ceux qui croient qu’ils vont faire quelque chose parce qu’ils menacent autrui.»


 Savin et Ahab avaient les mêmes instincts - le Bien et le Mal luttaient pour les conquérir, de même qu’ils luttaient pour conquérir toutes les âmes sur terre. Quand Ahab comprit que Savin était son égal, il comprit également qu’il était l’égal de Savin.



 "Le Guerrier de la lumière a une épée dans les mains. 

C'est lui qui décide de ce qu'il fera ou ne fera en aucune circonstance" 



 MANUEL DU GUERRIER DE LA LUMIÈRE



 «Écris : Un guerrier de la lumière prête attention au regard d’un enfant, parce que les enfants savent voir le monde sans amertume. Lorsqu’il désirent savoir si une personne est digne de confiance, il la regarde avec les yeux d’un enfant. - Qu’est-ce qu’un guerrier de la lumière ? - Tu le sais, répondit-elle en souriant. C’est celui qui est capable de comprendre le miracle de la vie, de lutter jusqu’au bout pour ce en quoi il croit, et - alors - d’entendre les cloches que la mer fait retentir dans ses profondeurs.»


 Tous les chemins du monde mènent au coeur du guerrier ; il s’immerge sans hésiter dans le fleuve de passions qui traverse sa vie. Le guerrier sait qu’il est libre de choisir ce qu’il désire; ses décisions sont prises avec courage, désintéressement, et - parfois- avec une certaine dose de folie. Il accepte ses passions et en jouit intensément. Il sait qu’il n’est pas nécessaire de renoncer à l’enthousiasme des conquêtes ; elles font partie de la vie, et réjouissent tous ceux qui y prennent part. Mais il ne perd jamais de vue les choses durables et les liens solides qui se sont créés au fil du temps. Un guerrier sait distinguer ce qui est passager de ce qui est définitif.


 Avant d’entreprendre un combat important, un guerrier de la lumière se demande : « jusqu’à quel point ai-je développé mon habileté ? » Il sait que des batailles qu’il a menées autrefois il a toujours retenu quelque chose. Cependant, quantité de ces enseignements l’on fait souffrir plus que nécessaire. Plus d’une fois, il a perdu son temps en luttant pour un mensonge, ou a souffert pour des êtres qui n’étaient pas à la hauteur de son Amour. Mais les vainqueurs ne répètent pas la même erreur. C’est pourquoi le guerrier de la lumière ne risque son coeur que pour quelque chose qui en vaut la peine.


Un guerrier de la lumière constate que certains moments se répètent. Fréquemment, il se voit placé devant des problèmes et des situations auxquels il avait déjà été confronté. Alors il est déprimé. Il songe qu’il est incapable de progresser dans la vie, puisque les difficultés sont de retour. « Je suis déjà passé par là, se plaint-il à son coeur. - Il est vrai que tu as déjà vécu cela, répond son coeur. Mais tu ne l’as jamais dépassé. » Le guerrier comprend alors que la répétition des expériences a une unique finalité : lui enseigner ce qu’il n’a pas encore appris.


 Un guerrier de la lumière fait toujours des gestes hors du commun. Il peut danser dans la rue en se rendant à son travail. Ou regarder un inconnu dans les yeux et parler d’Amour au premier coup d’oeil. Défendre une idée qui peut paraître ridicule. Le guerrier de la lumière se permet ce genre de choses. Il ne craint pas de pleurer de vieux chagrins, ni de se réjouir de nouvelles découvertes. Quand il sent l’heure venue, il abandonne tout et part pour l’aventure dont il a tant rêvé. Quand il comprend qu’il est à la limite de sa résistance, il quitte le combat, sans se sentir coupable d’avoir fait une ou deux folies inattendues. Un guerrier ne passe pas ses jours à tenter de jouer le rôle que les autres ont choisi pour lui.


 Les guerriers de la lumière ont toujours une lueur particulière dans le regard. Ils sont au monde, ils font partie de la vie des autres, et ils ont commencé leur voyage sans besace ni sandales. Ils leur arrivent souvent d’être lâches, et ils n’agissent pas toujours correctement. Les guerriers de la lumière souffrent pour des causes inutiles, ont des comportements mesquins et parfois se jugent incapables de grandir. ils se croient fréquemment indignes d’une bénédiction ou d’un miracle. Ils ne savent pas toujours avec certitude ce qu’ils font ici. Souvent, ils passent des nuits éveillées, à penser que leur vie n’a pas de sens. C’est pour cela qu’il sont des guerriers de la lumière. Parce qu’ils se trompent. Parce qu’ils s’interrogent. Parce qu’ils cherchent une raison - et, certainement, ils vont la trouver.


 Au moment où il se met en marche, un guerrier de la lumière reconnaît le Chemin. Chaque pierre, chaque tournant lui souhaite la bienvenue. Il s’identifie aux montagnes et aux ruisseaux, il voit une parcelle de son âme dans les plantes, animaux et les oiseaux de la campagne. Alors, acceptant l’aide de Dieu et des Signes de Dieu, il laisse sa légende Personnelle le guider en direction des tâches que la vie lui réserve. Certaines nuits, il n’a nulle part ou dormir ; d’autres nuits, il souffre d’insomnies. « C’est moi qui ai décidé de prendre cette voie, pense le guerrier. Cela en fait partie. » Cette phrase renferme tout son pouvoir. Il a choisi la route par laquelle il chemine maintenant, et il n’a pas à se plaindre.


 Le guerrier de la lumière parvient toujours à équilibrer Rigueur et Miséricorde. Pour atteindre son rêve, il a besoin d’une volonté ferme - mais aussi d’une immense capacité de dévouement. Bien qu’il connaisse son objectif, le chemin pour y parvenir n’est pas toujours celui qu’il imaginait. C’est pourquoi le guerrier use de discipline et de compassion. Dieu n’abandonne jamais Ses enfants, mais Ses desseins sont insondables, et il construit notre route à l’aide de nos propres pas. Grace à la discipline et au dévouement, le guerrier garde intact son enthousiasme. Jamais la routine n’a soulevé des montagnes.


 Le guerrier de la lumière n’a pas toujours la foi. Il y a des moments où il ne croit absolument en rien. Il interroge son coeur : « Un tel effort en vaut-il la peine ? » Mais son coeur reste silencieux. Et le guerrier doit décider tout seul. Alors il cherche un exemple. Et il se souvient que Jésus est passé par une étape semblable, pour pouvoir vivre la condition humaine dans sa plénitude. « Éloigne de moi ce calice», a dit Jésus. Lui aussi a perdu la force et le courage, mais il ne s’est pas arrêté. Le guerrier de la lumière continue sans foi. Mais il poursuit, et la foi finit par revenir.


 Pour le guerrier, il n’existe pas d’Amour impossible. Il ne se laisse pas intimider par le silence, par l’indifférence ou par le rejet. Il sait que, derrière le masque glacé dont se servent les gens, il y a un coeur de braise. Aussi le guerrier prend-il plus de risques que les autres. Il cherche sans répit l’Amour de quelqu’un - même si cela implique d’entendre le mot " non ", de rentrer chez soi vaincu, de se sentir rejeté corps et âme. Un guerrier ne se laisse pas effrayer quand il cherche ce dont il a besoin. Sans Amour, il n’est rien.



 Ainsi dit le bréviaire de la chevalerie médiévale :


«L’énergie spirituelle du Chemin nécessite justice et patience pour préparer ton esprit.


 «Tel est le Chemin de Chevalier : un chemin facile et difficile à la fois, car il implique de renoncer aux choses inutiles et aux amitiés marginales. C’est pourquoi, au début, on hésite à le suivre.


 «Voici le premier enseignement de la Chevalerie : tu effaceras ce que tu as écris jusqu’à présent sur le cahier de ta vie : inquiétude, manque d’assurance, mensonge. À la place, tu écriras le mot "Courage".


 En commençant le voyage avec ce mot, et en le poursuivant avec la foi en Dieu, tu arriveras là où tu dois arriver.»


 * * *


 Le guerrier sait que les mots les plus importants, dans toutes les langues, sont de tous petits mots. Oui. Amour. Dieu.


Ce sont des mots qui vous viennent facilement et emplissent de gigantesques espaces vides.


 Cependant, il existe un mot, lui aussi très bref, que beaucoup de gens ont du mal à prononcer : "non"


 Celui qui ne dit jamais "non"pense qu’il est généreux, compréhensif, bien élevé; parce que le "non" a la réputation d’être maudit, égoïste, primaire.


 Le guerrier se garde de tomber dans ce piège. Il y a des moments où, tout en disant "oui" aux autres, on peut se dire "non"  à soi-même.


 Aussi ne dit-il jamais "oui " avec les lèvres si son coeur pense " non "


* * *


 «Adieu, dit-elle ? Tu savais que les cloches au fond de la mer n'était pas une légende ; mais tu n’es parvenu à les entendre que lorsque tu as compris que le vent, les mouettes, le claquement des feuilles de palmiers, tout cela faisait partie du tintement des cloches.


 «De même, le guerrier de la lumière sait que tout ce qui l’entoure - ses victoires, ses défaites, son enthousiasme et son découragement - fait partie du Bon Combat. (...)



 

 MAKTUB



 Le voyageur songe à sa propre vie. Comme toute existence, elle est faite des fragments de tout ce qui lui est arrivé : les situations qu'il a vécues, des extraits de livres qu'ils n'a pas oubliés, les enseignements de son maître, des histoires que lui ont contées un jour ses amis, des réflexions sur son époque et sur les rêves de sa génération... Et il s'efforce de comprendre sa propre construction spirituelle.


✩ ✩ ✩


 LE MAÎTRE DIT : «Lorsque nous sentons qu'est venue l'heure du changement, nous nous repassons inconsciemment le film de tous les échecs que nous avons connus jusque-là. Et, bien sûr, à mesure que nous vieillissons, la part des moments difficiles l'emporte. Mais en même temps, l'expérience nous a donné les moyens de surmonter ces échecs et de trouver le chemin qui nous permet d'aller plus loin.


 La vie, ce sont ces parois, et le destin est le cri que pousse chacun de nous, expliqua le berger.Tout ce que nous faisons est porté jusqu'à Son coeur, et nous sera rendu de la même manière. « Dieu agit comme l'écho de nos actes. »


 Le chemin spirituel est à l'image du feu qui brûle devant nous, dit-il. L'homme désireux de l'allumer doit s'accommoder des désagréments de la fumée qui nous fait suffoquer et monter les larmes aux yeux. La reconquête de la foi passe par là.


 LE MAÎTRE DIT: «Profitez aujourd'hui de toutes les grâces que Dieu vous a accordées. On ne peut pas thésauriser une grâce. Il n'existe pas de banque où l'on puisse déposer les grâces reçues pour en faire usage selon bon vouloir. Si vous ne profitez pas de ces bénédictions, elles seront irrémédiablement perdues.


«Dieu sait que nous sommes des artistes de la vie. Un jour il nous donne de l'argile pour sculpter, un autre jour des pinceaux et une toile, ou une plume pour écrire. Mais nous ne pourrons jamais utiliser l'argile pour peindre les toiles, ni la plume pour réaliser des sculptures.


«À chaque jour son miracle. Acceptez les bénédictions, travaillez et créez aujourd'hui vos petites oeuvres d'art. Demain, vous en recevrez des nouvelles.»


«Etre ensemble avec un but commun et permettre que chacun se développe à sa manière, voilà le chemin de ceux qui désirent communier avec Dieu.»


 S'arrêter de temps en temps, sortir de soi et demeurer silencieux devant l'Univers. Se mettre à genoux, corps et âme. Sans rien demander, sans penser, sans même remercier pour quoi que ce soit. Seulement vivre l'Amour silencieux qui nous enveloppe. Dans ces moments-là, il se peut que jaillissent quelques larmes inattendues _ qui ne sont ni de joie ni de tristesse.


 Ceux qui ont perdu l'unique bien qu'ils possédaient sont dans une meilleure position que la plupart des gens car, dès lors, ils ont tout à gagner.


 LE MAÎTRE DIT : Assumez votre chemin, même si vous devez marcher d'un pas incertain, même si vous savez que vous pouvez mieux faire.(...)


 «Envisagez votre chemin avec courage et ne craignez pas les critiques d'autrui. Surtout, ne vous laissez pas paralyser par l'autocritique.


«Dieu sera avec vous durant vos nuits d'insomnies, et Son Amour séchera vos larmes secrètes. Dieu est le Dieu des vaillants.»


 Le maître dit : « Personne ne réussira à prouver que Dieu existe, ni qu'il n'existe pas. Certaines choses dans la vie doivent être vécues, et jamais expliquées.


«L'Amour en fait partie. Dieu _ qui est Amour _ également. La foi est une expérience d'enfant, au sens magique où Jésus a dit : " Le Royaume des Cieux appartient aux enfants."


 «Dieu n'entrera jamais dans votre tête. La porte par laquelle Il passe est votre coeur.»


Au crépuscule, l'équilibre entre l'homme et la planète est mis à l'épreuve. Dieu mêle l'ombre et la lumière pour voir si la Terre a le courage de continuer à tourner. Si la Terre n'est pas effrayée par l'obscurité, la nuit passe, et un nouveau Soleil brille le lendemain.


 LE MAÎTRE DIT : Le carrefour est un lieu sacré. C'est là que le pèlerin doit prendre une décision. C'est pourquoi les dieux ont coutume d'y dormir et d'y manger.


- Là où les routes se croisent, deux grandes énergies se concentrent - Le chemin que l'on va choisir, et celui que l'on abandonne. Tous deux ne font alors plus qu'un, mais pour une courte période.


«Le pèlerin peut se reposer, dormir un peu, et même consulter les dieux qui habitent là. Mais il ne peut pas y demeurer pour toujours : lorsque son choix est fait, il doit poursuivre sa route, sans penser à la voie qu'il a délaissée. " Sinon, le carrefour devient une malédiction. "


 LE MAÎTRE DIT : Pour avoir la foi dans notre propre chemin, il n'est nul besoin de prouver que celui de l'autre n'est pas le bon. Celui qui agit ainsi n'a pas confiance en ses propres pas. »


«Le langage des signes est là pour nous enseigner la meilleure manière d'agir. Mais, très souvent, nous en déformons le sens pour qu'ils concordent avec ce que nous avons l'intention de faire. »


«La peur de se tromper est la porte qui nous enferme dans le château de la médiocrité. Si nous parvenons à la vaincre, nous faisons un pas décisif vers notre liberté. »


«Tous les chemins mènent au même endroit, Mais choisissez le vôtre, et allez jusqu'au bout. N'essayez pas de parcourir tous les chemins. »


 Les prières sont les branches de l'arbre, et sa racine s'appelle la foi, répliqua le maître. La foi peut exister sans la prière, mais la prière ne peut exister sans la foi. »


 Aujourd'hui, quelque part, un trésor vous attend. Ce peut-être un petit sourire, ce peut être une grande conquête, peu importe. La vie est faite de petits et de grands miracles. Rien n'est ennuyeux, car tout change constamment. L'ennui n'est pas dans le monde, mais dans la manière dont nous voyons le monde. »


 

 

 CONVERSATION AVEC PAULO COELHO

 

✩ ✩ ✩

 

  "NOUS SOMMES TOUS DES PÈLERINS EN QUÊTE DE L'INCONNU" 

 

 

 Ces conversations-confessions avec Paulo Coelho se sont déroulées chez lui à Rio de Janeiro, devant la splendide plage de Copacabana au début de juillet 1998 (...) Au cours de ces longs entretiens, Coelho a ouvert son âme et dévoilé, pour la première fois, des moments douloureux de son passé : la traversée du désert des drogues, de la magie noire et des rites sataniques, l'asile d'aliénés, la prison et la torture. Au terme de cet échange, il a exprimé le désir de ne plus avoir à parler de sa vie durant les vingt prochaines années.

 

                                                                                                                                                                                                                                                 Juan Arias

 

 LES SIGNES

 

 

 LE SIGNE EST UN ALPHABET QUE TU DÉVELOPPES POUR PARLER AVEC L'ÂME DU MONDE

 

 

 Le signe est une langue. C'est l'alphabet que tu développes pour parler avec l'âme du monde, ou de l'Univers, ou avec Dieu, quel que soit le nom que tu lui donnes. Comme tout alphabet, il est propre à chacun et t'évite ainsi de globaliser la quête spirituelle.

 

                                                                                                                                                                                                                                            Paulo Coelho

 

 Ne crois-tu pas que le danger est que nous ne voyions que les signes qui nous conviennent ou ceux qui pourraient nous détourner du vrai chemin? Comment atteindre la certitude de se trouver devant un signe véritable?

 

 Au début, nous croyons à rien, ou presque; dans un deuxième temps nous doutons, nous pensons que nous nous sommes trompés; dans le troisième tout nous paraît signe; ce n'est que plus tard, lorsqu'un signe croise ton chemin à plusieurs reprises, sans que tu l'aies cherché, que tu comprends que tu te trouves devant un langage qui va au-delà de la réalité.

 

 Le danger, ce n'est pas que tu puisses te tromper en suivant un signe qui, à la fin, se révèle faux. Pour moi, le grand danger dans la quête spirituelle, ce sont les gourous, les maîtres, le fondamentalisme, ce que j'appelais tout à l'heure la globalisation de la spiritualité. Le moment où quelqu'un vient te dire : Dieu est ceci ou cela, mon Dieu est plus fort que le tien. La seule manière d'y échapper est de comprendre que la quête de la spiritualité est une responsabilité personnelle que tu ne peux pas transmettre ni recommander à d'autres. Il vaut mieux se tromper en suivant les signes auxquels tu crois, plutôt que de permettre à d'autres de décider de ton destin.

 

 Pour toi, qu'est-ce que la religion ?

 

 Je la vois comme une manière collective d'adorer. Je dis bien adorer, pas obéir. Ce sont deux choses très différentes. On peut adorer Bouddha, Allah, le Dieu de Jésus, peu importe. Ce qui compte, c'est qu'à un moment, ensemble, un groupe communique avec la mystère. Nous nous sentons alors plus unis, plus ouverts à la vie, nous comprenons que nous ne sommes pas seuls au monde, que nous ne sommes pas isolés. C'est cela pour moi la religion, pas un ensemble de règles et de commandements imposés par d'autres.

 

 Il y a aujourd'hui plus d'aventuriers de l'esprit qu'on ne le croit. Ils parcourent des mers inconnues et ce sont eux qui, sans qu'on le sache comment, font tourner le vent de l'histoire. C'est pourquoi je n'aime pas tellement suivre la logique, je préfère la philosophie du paradoxe, celle qui très souvent finit par triompher de toutes les logiques et de toutes les évidences.

 

 Est-il possible de reconnaître ces aventuriers de l'esprit parmi la foule de ceux qui se contentent de leur morceau de pain quotidien ?

 

 Oui, parce que dans leurs yeux brille la flamme de l'enthousiasme. J'ai écrit un livre qui s'appelle "Manuel du Guerrier de la Lumière". Je parle des gens ordinaires qui continuent de croire à l'inconnu. Ils sont les maîtres sans être des maîtres. La vérité, c'est qu'aujourd'hui nous sommes tous disciples et maîtres plusieurs fois par jour.

 

 Si tu devais expliquer à un groupe de jeunes gens qui est Paulo Coelho, comment te décrirais-tu ?

 

 Comme un pèlerin qui parcourt un chemin qui n'a pas de fin. Comme le pèlerin qui connaît l'existence d'un trésor, qui regarde vers ce trésor guidé par les signes, comme le berger de L'ALCHIMISTE. Pour lui il est important d'atteindre le trésor, mais lorsqu'il arrive il constate qu'il n'est plus le même, il a changé, il est différent. Ce qui te forge et te transforme, c'est le chemin de la quête. Je continue de chercher.

 

 ASILES D'ALIÉNÉ, PRISON ET TORTURE

 

 

 LA PRISON À ÉTÉ L'EXPÉRIENCE DE LA HAINE, DE LA CRUAUTÉ ET DE L'IMPUISSANCE TOTALE. CE FUT MILLE FOIS PIRE QUE L'ASILE

 

 Je vais être très sincère. Je crois que le grand danger de la folie ce n'est pas la folie, mais l'habitude de la folie. Ce que j'ai découvert dans ces moments que j'ai passé à l'asile, c'est que j'aurais pu choisir la folie et rester là toute ma vie sans avoir à travailler, sans rien faire d'autre que le fou.

 

 

 LA VIE PRIVÉE

 

 

 LA DERNIÈRE CHOSE QUE JE VOUDRAIS , EN DEVENANT UN PERSONNAGE , C'EST PERDRE MES AMIS

 

 Comment te défends-tu des inévitables jalousies que doivent susciter tes succès, surtout chez les autres écrivains ?

 

 Devant la jalousie, je me défends par des procédés magiques. Je crée une barrière protectrice, je ne lutte pas contre elle. À mon sens, l'envie est le plus destructeur des péchés capitaux, parce que l'envieux ne dit pas : « Je veux obtenir ça », mais : « Je ne veux pas qu'untel ait ça ». C'est très mesquin, l'envieux nivelle le monde par le bas.

 

 POLITIQUE ET ÉTHIQUE

 

 POUR, MOI LA POLITIQUE, C'EST BRISER LE MUR DE CONVENTIONS CULTURELLES QUI NOUS ENTOURE

 

 Aujourd'hui je suis convaincu que ce ne sont pas les grandes idéologies qui vont changer le monde. Beaucoup d'entre elles ont échoué et de nouvelles encore plus dangereuses vont voir le jour, comme le montrent les nouveaux fondamentalismes. (...) Je suis persuadé que chaque personne doit apporter sa contribution au service de la société. C'est pourquoi je crois profondément à cette nouvelle vague de solidarité qui se développe dans le monde entier, surtout chez les jeunes.

 

 Pour moi, la politique, c'est contribuer à transformer ce que j'appelle «l' Académie », c'est-à-dire le savoir conventionnel, fossilisé, bureaucratique, qui croit posséder la seule sagesse, le pouvoir des privilégiés.

 

 Que redoutes-tu le plus concrètement de ce siècle de la globalisation?

 

 Que la globalisation économique s'étende à la globalisation de Dieu m'inquiète. De la même manière que je suis horrifié par l'idée d'une culture homogène faite à mesure de tous, j'ai peur de l'idée d'un Dieu standard, dogmatiquement valable pour tous, non personnel, qui remplacerait ce que la conscience de chaque être humain peut découvrir.

 

 LE FÉMININ

 

 AVANT DE CONNAÎTRE LA FEMME, JE NE SAVAIS PAS CE QU'EST LA COMPASSION

 

 D'une manière ou d'une autre, toutes les femmes qui ont traversé ma vie se sont présentées à ma porte à un moment critique. Elles m'ont pris par la main, elles m'ont toléré, elles m'ont fait changer de voie.

 

 Mais qu'en est-il de la femme qui est une part de ta personnalité ?

 

 À vrai dire, je me suis longtemps défendu de ce côté féminin. Le guerrier que je suis aime livrer toutes les batailles, et cela a plutôt nourri ma part masculine. C'est pourquoi j'ai ignoré la compassion, la passion de la vie, jusqu'au jour où j'ai découvert la part féminine que je porte aussi en moi, qui est une dimension importante sans laquelle nous ne serons jamais des hommes complets.

 

 Avec la logique seule, nous perdons le contact avec le mystère, avec la profusion de l'imaginaire. C'est pourquoi j'aime la philosophie orientale du paradoxe, qui n'est pas celle de la ligne droite, mais celle du cercle, où quelque chose peut être et ne pas être en même temps, parce que la vie n'est pas un robot avec des réponses toutes faites. Elle est imprévisible et peut changer à chaque seconde.

 

 La femme représente le sacré, elle est l'énergie féminine, elle est ce qui empêche qu'un mur ne s'élève entre le sacré et le profane, elle est la logique du mystère, de l'incompréhensible, du miracle.

 

 

 

LA MAGIE

 

 JE ME SENS UN MAGICIEN PARCE QUE JE SUIS QUELQU'UN QUI ESSAIE DE DÉVELOPPER SES DONS ET SES POUVOIRS

 

 J'ai été formé chez les jésuites, qui t'inculquent une certaine conception de Dieu. Pour moi - je ne sais pas pour les autres - , ce fut une expérience très négative, car c'est là que j'ai perdu la foi de mon enfance ; Tenter de t'imposer une foi est en effet le meilleur moyen de te pousser à te rebeller et à passer de l'autre côté.

 

 Être magicien, cela signifie développer un pouvoir cognitif qui n'est pas toujours accepté par le savoir officiel. Un magicien est une personne ordinaire, mais qui est consciente qu'au-delà de la surface des choses existent d'autres réalités, d'autres mouvements, d'autres courants. (...) Le vrai magicien est celui qui comme l'a dit Jésus Christ, doit lutter pour que rien ne soit caché.

 

 Crois-tu en la personnification du diable ?

 

 Je crois en la personnification du démon artificiel.

 

 Que veux-tu dire par là ?

 

 Qu'il y a un démon qui est le bras gauche de Dieu et un autre qui est le produit de l'inconscient collectif qui le personnifie. Qu'est, par exemple la parole ? c'est la personnification d'une pensée. Et, de la même façon que tu personnifies l'Amour , en prononçant le mot Amour, tu peux aussi personnifier le diable en l'invoquant. Mais au moment où tu allumes la lumière tu le détruis, car il n'a pas d'autres pouvoirs que celui que toi-même tu lui donnes.

 

 LES DROGUES

 

 LA COCAÏNE EST LA DROGUE DU DIABLE, PARCE QU'ELLE TE FAIT CROIRE QUE TU ES OMNIPOTENT

 

 Pourquoi as-tu commencé à te droguer ?

 

 Par rébellion justement, parce que la drogue était interdire et tout ce qui était interdit me fascinait. C'était pour moi et les jeunes de ma génération une manière de contester nos parents. Nous contestions par divers moyen et l'un d'eux étaient la drogue. J'ai toujours été un homme des extrêmes ne supportant pas les demi-mesures, et je le suis toujours, grâce à Dieu. C'est pourquoi j'adhère à ce qui est dit dans la Bible : « Soyez froids ou bouillants, parce que si vous êtes tièdes, je vous vomirai de ma bouche. »

 

 Je dis toujours que je suis contre la drogue, parce que j'ai vécu sa dangerosité dans ma chaire.(...) je ne suis pas d'accord pour qu'on la dépénalise, même si cela peut paraître une contradiction, puisque j'ai dit que la drogue attirait surtout parce qu'elle était interdite. Mais malgré tout, après ma dure expérience, je préfère qu'elle reste interdite.

 

 LA CONVERSION

 

 LES CLOCHES DANS CE CAMPS DE CONCENTRATION SONNAIENT POUR MOI

 

 Je sentais au fond de moi qu'il s'agissait d'une personne importante dans ma vie. Il a continué de me parler de la projection astrale, pour finir par dire : « Je crois que tu as quelques problèmes que tu n'as pas encore résolus, si tu veux, je t'aide.» (...)

 

 Et là a commencé une nouvelle phase de ma vie, avec mon retour vers l'Église catholique. Cet individu appartenait à l'ordre catholique RAM ( rigueur, Amour, miséricorde ), qui a plus de cinq cents ans.(...) J'ai commencé à apprendre le langage symbolique, qui n'est pas l'ésotérisme chrétien, mais l'étude chrétienne des symboles.

 

 

 

 L'ÉCRIVAIN

 

 POUR TROUVER L'INSPIRATION, J'AI BESOIN DE FAIRE L'AMOUR AVEC LA VIE

 

 

 Pourquoi sens-tu la nécessité d'écrire ?

 

 La seule façon, me semble-il, de partager notre amour personnel, c'est le travail, et le mien est l'écriture, comme celui du chauffeur de taxi est la conduite.

 

 Je suis un écrivain politiquement engagé dans mon époque, et ma grande quête a toujours été la quête spirituelle, c'est pourquoi cette problématique est toujours présente dans mes livres.

 

 Que signifie pour toi être Brésilien ?

 

 C'est vivre dans un bouillon de culture permanent, dans un mélange de races unique au monde, avec des influences africaines, autochtones, japonaises, européennes. Ce mélange de mille choses nous a appris à nous autres, Brésiliens, à être tolérants avec le monde de l'esprit, avec toute la magie qui se manifeste à travers les symboles, essentiellement dans la musique, la danse et la poésie.

 

 William Blake à écrit: « La route des extrêmes mène au palais de la sagesse. » C'est ce que je crois. Ainsi lorsque j'écris un livre, je dirais que je l'écris « à la brésilienne », c'est à dire avec passion.

 

 Je pense que mes livres sont lus surtout par l'enfant que chacun porte en soi. C'est pourquoi j'écris des histoires qui me plaisent, je ne rédige pas des exposés philosophiques ou de grandes théories ennuyeuses.

 

 Tous les grands classiques de la littérature sont des narrations de longs voyages, de la Bible à la Divine Comédie, du Don Quichotte à l'Iliade. C'est toujours la quête d'Itaque, la métaphore de la naissance et de la mort, ce grand voyage que nous devons tous accomplir, que nous le voulions ou non.

 

Rencontré sur Copacabana en juin 98 

Paulo Coelho, toujours "fair-play" envers ses lectrices !

 

 

 LES LECTEURS

 

 MES LECTEURS SONT SURTOUT MES COMPLICES

 

 

 À quoi peux-tu attribuer un tel succès auprès des lecteurs ?

 

 Sans doute, lorsqu'ils lisent un de mes livres , se disent-il: « Ce livre, j'aurais pu l'écrire, il parle des choses que je connais, mais que j'avais oubliées. » (...) Je crois que mes livres sont reliés à un mystérieux processus de création qui doit beaucoup au féminin.

 

 Qu'est-ce que le côté féminin ?

 

 C'est cette part qui, comme nous l'avons dit plus tôt, n'élève pas un mur entre le sacré et le profane, qui sait utiliser l'intuition et la dimension magique de l'existence et qui applique le paradoxe au quotidien.

 

 Comment réponds-tu à ceux qui te disent que tu ne peux pas être un bon écrivain parce que tu éveilles un tel enthousiasme chez les gens simples ?

 

 Que c'est du fascisme culturel. Certains de ces intellectuels qui ont la démocratie plein la bouche sont convaincus dans leur for intérieur que le peuple est idiot.

 

 Tu es un auteur haï et aimé. qu'est pour toi l'Amour ?

 

 Une espèce de magie, une force nucléaire qui peut te réaliser ou te détruire. Pour moi, l'Amour est à la fois la force la plus destructrice et la plus constructive du monde.

 

 PAULA , ANNA ET MARIA

 

 RECOURANT À LA MÉTAPHORE DU VOYAGE, JE VOIS LA VIE COMME UNE CARAVANE QUI NE SAIT NI D'Où ELLE VIENT NI Où ELLE VA

 

 Toutes les douleurs que j'ai dû affronter dans ma vie, je n'ai pas pu les éviter, mais je ne les ai pas non plus recherchées comme un sacrifice.

 

 Beaucoup de gens me demandent: « Et si dans ta vie il tétait arrivé ceci ou cela... ? » Mon dictionnaire personnel ne contient pas le mot " si ", le conditionnel. Il contient je ne sais combien de milliers de mots mais ce " si " ne s'y trouve pas; il peut me détruire, parce que, au moment où j'ai choisi mon chemin ou pris une décision, je la suis, et elle peut se révéler bonne ou mauvaise, mais c'est une décision. Mais si je pense: « Ah, si j'avais fait ça...!, alors je gâche tout. »

 

 Les crises sont toujours bonnes parce que ce sont les moments où tu dois prendre une décision.

 

ANNA

 

 Cela risque d'être un choc pour beaucoup de tes lecteurs.

 

 Je l'espère sincèrement. Jésus le disait très bien : «Connaître la vérité vous rendra libres.» La vérité est notre seule manière d'être libres.

 

 

 

Images 

 Vers Saint-Savin - Hautes Pyrénées

"Bivouac"  © Michel Zalio 

"Blason héréditaire "Les chevaliers de l'étoile"  Oeuvre de Ginanni - l'an 1022 

 "Images de Rio de Janeiro © Gabrielle et Romain Ségui - Juin 1998

 Choix de textes